mercredi 27 mai 2009

MARILYN MANSON : The High End Of Low


MARILYN MANSON : The High End Of Low


Un album qui tient difficilement sur la longueur. Cependant quelques pépites noires se nourrissent des morceaux rebus pour mieux exister. La voix de Manson fait une nouvelle fois des dégâts, et se meut dans d’improbables excroissances. Musicalement, le fan est en terre connue ; le critique davantage en terre maudite. Difficile de poser un regard neuf sur un personnage que l’on croît connaître depuis des décennies. Se jouant du qu'en dira t’on, Manson avance, conquérant. Quitte à passer en force. Les ambitions sont grandes, parfois pompeuses (I want to kill you…).

Comme sur l’autel, il y a à boire et à manger sur cette nouvelle hostie putride. « Au commencement était la parole », Devour sonne comme une complainte à donner la chair de poule. Manson, implorant, donne le vertige. Un titre sans artifice, presque épuré. La montée en puissance de l’émotion est palpable, jusqu’au final qui allie la force destructrice d’un Antichrist Superstar forniquant sur les orageuses mélodies de Eat Me Drink Me. Le doublé gagnant d’entrée est une totale réussite, Pretty as a swastika passe la cinquième sans crier gare. Du Manson pur jus, saturé comme à la belle époque (Antichrist et mieux : Portrait Of An American Family) Le refrain est saccadé, hurlé. Très court (2mn45s), mais intense, le titre n’est pas forcément révolutionnaire, mais diable qu’il est bon de se refaire botter les fesses de la sorte.

Autre objet de fascination : Four Rusted Horses sonne comme du Johnny Cash sous acide. Un délice au casque, le mix est enivrant. C’est le cœur serré, que l’on sort épuisé de ce titre monstrueux. Une phrase résonne alors comme une fausse promesse : « everyone will come to my funeral to make sure that i stay dead ». C’est là que le bas blesse.
Car qui a peur aujourd’hui de Marilyn Manson ? Il n’est plus l’homme à abattre, encore moins la terreur d’une Amérique puritaine. Ce faux délire de persécution n’a plus droit de citer. L’homme avait pris le pas sur le révérend, Brian Warner avait bel et bien enfermé dans la douleur son double maléfique sur Eat Me Drink Me.
De même, les bondieuseries ne peuvent plus être fond de commerce et s’est presque une insulte que de proposer un We’re From America à ce stade d’une carrière aussi incroyable. Et pourtant, ce single probable reste ultra efficace. Ultra balisé, ultra pop, le titre semble taillé pour le live façon bourrage de crâne. Les paroles n’arrachent pas trois pages à une Bible qui commence sérieusement à sentir le réchauffé. Mais « God is an excuse ». Effectivement.


Roublard le Manson, nous ressert avec Arma-goddamn-motherfuckin-geddon le single cradingue qui rameute la foule. Définitivement passé maître dans l’art de tromper son monde, l’homme propose un titre aux accents glams presque anecdotique, comparé aux pièces maîtresses de l’album.
Car du potentiel, l’album en regorge. Impossible de le nier. The High End Of Low en a sous le pied, les trésors les plus courus sont souvent les plus difficiles à dénicher. C’est par exemple au détour d’un refrain effroyable que l’easy listening Running To The End Of The World se révèle. Ce qui au premier abord semble n’être qu’une ballade d’un autre temps prend alors la tournure d’un coupe gorge désabusé.

Brillamment marketté comme l’album du retour au gros son, The High End Of Low est tout sauf cela et reste avant tout une continuité dans l’exploration des émotions d’un artiste fascinant. Inégal et parfois bancal (Wight Spider, Unkillable monster et autre incongru WOW), le Marilyn Manson nouveau impressionne néanmoins. Et secrètement, personne n’osait en douter !

Noesis.

jeudi 7 mai 2009

INTERVIEW DEATHSTARS.



« Pour plus d’infos, nous devrions coucher ensemble… »

Soirée Halloween en compagnie de Whip. Le chanteur de Deathstars, si impudent sur scène nous confie sa timidité dans la vie de tous les jours, mais ne rate pas une occasion de nous inviter à le rejoindre au lit…
Epuisé mais heureux après une longue période d’enregistrement sans heurts, il confirme que Night Electric Night (originellement connu sous le titre Death Glam) sera encore plus sexy que Termination Bliss. « Même vos parents se désaperont à l’écoute du nouvel album » Explorant davantage les côtés pop de leur musique, les musiciens s’enthousiasment de cette nouvelle dynamique, sans renier pour autant les faces les plus sombres et glamours de leur univers. Whip évoque alors Blood Stain Blondes et Opium, deux titres à l’énergie pop communicative qui rallieront à la cause Deathstars n’importe quel réfractaire.
Plus libre que jamais, le groupe salue néanmoins l’héritage de la scène metal extrême : « Le black et le death metal sont le centre de notre ossature. »

« It’s all about Kiss. »
Whip aime comparer Deathstars à un « mini Kiss ». Leur image n’est qu’une extension presque naturelle de leur musique. Sur scène, Whip se sent chez lui, en sécurité. Ailleurs, il vit dans la peur d’un monde dirigé par John Mc Cain. Il apporte donc son soutien à Obama, même s’il vomit sur les States et leur propension à tout détruire.

« Death magnetic est un très bon album… »
Surfant sur la vague de la polémique, Whip nous assure que tout le cirque organisé autour du plagiat présumé de Metallica n’était qu’une grosse plaisanterie. Ironique, il ajoute que Metallica n’a même probablement jamais entendu parlé de Deathstars !

Finalement, Whip nous avoue n’attendre qu’une seule chose: le retour de Deathstars sur scène, en tête d’affiche, cet été ! Il revient volontiers sur la tournée commune avec Korn, un gros challenge selon lui. Jouer devant la génération Néo, ce n’était pas gagné, mais il semble avoir apprécié l’expérience.

« J’ai toujours cette folle envie de jouer à Tchernobyl… »
Le réacteur Deathstars est en fusion. Nul doute que son nouvel attentat nucléaire marquera le début de l’année 2009 d’une empreinte glam et sexy.


Noesis.

Abd Al Malik, Lille, Sébastopol, Mars 2009.



Abd Al Malik, c’est avant tout l’histoire d’un malentendu. Il n’est pas que la bête de foire intello et télégénique que les médias veulent nous imposer, le modèle de réussite issu des quartiers. Il est avant tout une bête de scène qui déborde d’envie. « Un truc de malade ! »…

Sébastopol affiche presque complet lorsque Taïro monte sur scène. Le temps de quelques titres, ce nouveau talent Warner arrive à convaincre le public. Sa soul teintée de reggae touche le public en plein cœur. Je ne t’aime plus embarque Lille dans un univers propice au cocooning. Chaude et suave, la voix de Taïro administre une sacrée dose de cool attitude. L’artiste fait même déjà preuve d’audace en imbriquant l’inattaquable No Woman No Cry dans son L’animal Geint. Deux pépites sortent du lot ce soir : Jamais Eu et Dis Moi Ce Que Tu Décides qui feront perler les bonnes vibes jusqu’en fond de salle. Une réelle surprise.

Abd Al Malik a méchamment mis à mal les préjugés. Le plus tenace restait celui du Black érudit qui se la raconte. Sur scène, là où on ne le voit pas assez souvent à la télévision, il en impose. Qu’importe si l’homme est un orateur hors pair assis face caméra. Debout face au public, il est à nu et va chercher même les plus sceptiques.
L’introduction sur Soldat De Plomb en a mis plus d’un à terre. Tout en ombre démultipliée, le Roi (Malik) fait déjà son show. Emmitouflé sous sa capuche, il marche au pas et donne le rythme à une soirée qui promet d’être dansante et réfléchie. Sur les planches, la force brute d’une formation live à l’efficacité redoutable : accordéon, contrebasse, batterie, guitare, machines, piano et claviers. Bien loin du tape à l’œil, le rappeur fait sonner son phrasé Nougaro avec une plume parfois empruntée à Brel. L’émotion est souvent à fleur de peau : Conte Alsacien et C’est du lourd en tête de liste. Une force live telle que ce dernier titre se verra offrir les honneurs d’une standing ovation de tous les diables !
Moins pertinente sera la version sous acide de 12 Septembre 2001. Peut être la seule fausse note d’un concert enlevé.
Roublard, Abd Al Malik maîtrise sa scène d’expression. Il sait enflammer une foule et la remercier pour cet échange sincère. Gibraltar reste le point d’orgue de cette communion, un classique de la chanson française, rien que cela. Sur un beat affolant, Malik fait durer le plaisir et étire le titre jusqu’à plus soif. En liesse, Sébastopol acquiesce. L’alchimiste déclame alors un dernier conte merveilleux empli de positivisme et s’en va.
« Je suis votre humble serviteur. Je m’appelle Abd Al Malik. »



Noesis.

ACWL : une vie plus tard.



Petite critique flash back du deuxième album de ACWL.
Méchamment passé au crible d’une foule extatique d’Indo fans lors de l’épilogue du Paradize Tour 2003, le groupe sortait en 2005, une pépite de rock façon new wave.
Aussi à l’aise dans l’électro –Délivrez moi- que dans de plus sombres affects –Les amants du paradis-, Céline, chanteuse habitée, porte une musique troublante, un univers bancal d’amours déglingués.
Solisphère, monument spectral qui aurait eu sa place en ouverture hante l’auditeur des heures durant. Une voix contemplative malmenée par des saturations déchirantes.
Des fissures que l’on retrouve dans le duo enregistré avec Nicola Sirkis –Indochine-.
Quand viendra l’heure, sépulture moribonde qui craquelle les cœurs en une deuxième partie métallique, toutes guitares dehors.
Romantisme exacerbé, on pense parfois à The cure ou à Joy Division sur ces onze titres. Onze signes de l’excès et de la démesure. Un chiffre à part, sacré.
Les années passées, le monde de ACWL reste angoissant et tragique. Définitivement dans son temps.

Noesis.

AEROSMITH. PARIS BERCY. Le 19/06/07.



Aerosmith. One Night in Paris. The place to be.
Bercy la Belle affiche complet en cette chaude soirée de Juin. Des années que les fans attendent le retour du gang Tyler en France. L’introduction sur écran géant donne le ton. Le logo se pose lentement sur la planète bleue. La leçon de géographie passée, Love in a Elevator fait lever les mauvais élèves. Le son est impeccable pour le bunker parisien. Steven prend déjà les poses les plus improbables. Incroyable comme le temps ne semble pas avoir d’emprise sur lui. Joe Perry, le visage davantage marqué par les années de route fait le show. La fosse est en ébullition. La mise en bouche est délectable. Le chanteur au charisme animal se déhanche sur l’avancée de la scène. Chapeau vissé sur la tête, dégaine d’un autre âge, la classe faîte homme harangue la foule.
Les titres s’enchaînent, des extraits de clips sont diffusés pour accompagner le groupe.
Monté en direct avec les images live, le spectacle est également visuel. Le public ne sait plus où donner de l’œil. Une inscription sur le bas ventre du leader attire néanmoins l’attention : lèche moi. La gente féminine apprécie. Le rot introductif de Miss a Thing n’altère même pas son sex appeal. Filmé en plans serrés, cheveux au vent-ilateur-, Steven a de quoi mettre sur les fesses.
Baby please don’t go assomme encore davantage l’audience. Contre plongé sur Tyler, des couleurs chaudes savamment travaillées… Il en prend alors des allures quasi-christiques. La messe est dite. Le temple Aero, citadelle imprenable, reste un lieu de culte incontestable. Dream On met Bercy en suspend. L’instant touche au divin, une douce sensation de plénitude emplit la salle.
La Gibson double manche est de sortie pour Living on the Edge, Perry assure également le chant sur Stop Missing Around, introduite par un road-movie du guitariste touriste en capitale française. Le duo-star éclipse presque les autres membres. Steven prend l’harmonica, back to the oldies ! Le numéro est bien rodé, parfois un peu trop. Mais le pardon est bien vite accordé devant tant d’abnégation. Le groupe se donne sans retenue, Sweet Emotion laisse la part belle au public. La communion est totale. Pain béni pour les fidèles, le rappel sur Walk This Way ravive la flamme. Dernière croisade ?
Non. Les lumières se rallument, mais le groupe revient pour en découdre à nouveau. Mama Kin est jeté en pâture aux dévots avides. Un cadeau rare pour un concert d’une rare intensité. « Oh Yeah ! »

Noesis.

Air, Aéronef, Lille, Le 17 Novembre 2007.



L’Aéronef retrouve l’affluence des grands jours. La mezzanine est ouverte à un public majoritairement adulte. L’accueil réservé à Au Revoir Simone est des plus timides. Avec pareil intitulé, le public s’attendait peut être à découvrir un groupe de chansons françaises…Les trois américaines viennent défendre leur nouvel opus : The Bird Of Music. Un son électro à la sauce pop sixties. Les demoiselles, studieuses, offrent peu, afférées au cœur de leurs machines. Un show propre et sobre qui ne se permet aucune liberté. Mais étonnamment, les compositions restent en tête. Des ambiances nostalgiques, un son quelque peu désuet font tout le charme de cet intriguant trio.
Air arrive en territoire conquis. Le public est définitivement plus réceptif et attentif que lors d’un Main Square Festival (Arras) de triste mémoire. Nicolas et Jean-Benoît, toujours aussi classes, déroulent un électro lent, presque envoûtant. A la limite du psychédélique parfois. La salle semble absorbée, comme en communion avec la musique. Davantage reçu comme une invitation à faire corps avec le calme apaisant de la musique ; le concert est planant, sans esbroufe visuelle ou sonore. La voix est murmurée. Quelques soucis techniques, bien vite oubliés lorsque résonnent les premières notes de Cherry Blossom Girl, perturbent les premiers instants célestes. People In The City plonge l’auditoire dans une torpeur mesurée. Chaque son est digéré, chaque mot est une douceur susurrée à l’oreille.
Quelques étoiles s’allument en fond de scène. L’expérience hallucinante est totale. Kelly watch the stars avec le public. Les yeux grands ouverts, les aficionados plongent dans une bataille spatiale gracieuse. Des envolées de claviers à faire pâlir Matthew Bellamy baignent dans une lumière rouge du plus bel effet.
Sexy Boy, passage obligé, en rappel, propose un nouveau voyage. Encore plus fantasmagorique, cette fin de set prolonge le plaisir. Lentement, l’Aéronef retrouvera l’atmosphère terrestre, avant de fermer ses portes.

Noesis.

APOCALYPTICA : Aeronef, Lille. Le 28 Novembre 2007.



Projet casse gueule. Apocalyptica prouve, une nouvelle fois, que le mélange entre le metal et le noble instrument n’est pas glacial. Et pourtant, des sceptiques, il y en avait, ce soir. Ceux qui n’attendaient que les reprises de Metallica, ou les quadras qui découvrirent la formation en tournée avec Rammstein. Tous, tous furent conquis par un set d’une précision chirurgicale.
En première partie, Lacrimas Profundere peine à convaincre. Poseur à souhait, le front man Rob semble fort peu concerné. Parfois même agacé de devoir prolonger son supplice en attendant la tête d’affiche. Aussi coquet que HIM, ses mimiques font néanmoins fondre la gente féminine. Etonnament, leur musique s’apprécie davantage sur albums. (Le très bon Ave End) Dommage que l’énergie déployée en studio ne se retrouve pas sur scène.

Une lumière blafarde inonde la salle. Quatre crânes, quatre trônes troublent le public.
Worlds Collide donne les premiers frissons. L’entrée est théâtrale. Les musiciens prennent place, après un salut. Un souffle majestueux emporte déjà l’Aéronef, vers des cieux agités. Intimidant, le groupe embarque le spectateur au cœur d’une douce sauvagerie. Les cordes apaisent ou transpercent, tour à tour. La batterie martèle et somme les premiers rangs de reculer, face aux assauts. I’m not Jesus (Corey Taylor de Slipknot, en moins) lance alors Eicca. Nul doute, pourtant qu’Apocalyptica ne soit l’idole attendue du metal classique. Le headbanging autour des violoncelles leur confère des statures magistrales.

Les membres se défient du regard. Le combat fait rage sur les planches et en contrebas. Incroyable comme le public se laisse aller à la communion. Les slams savent se faire cotonneux sur Helden. Bercés par une marée humaine caressante, les corps se meuvent dans les airs avec élégance. Till (Rammstein) manque inévitablement au titre. Mais l’émotion est intacte. On jurerait retrouver les souffles et les pleurs de l’allemand. Intense !

La première reprise de Metallica (Seek and Destroy) conserve la toute puissance des Four Horsemen. Scandé par les metalleux de tous horizons, le refrain marque les esprits. Les poings levés retombent bien vite alors que résonne l’introduction de Bittersweet. L’auditoire plonge dans une torpeur maladive. Les visages s’inclinent et les briquets s’allument.
Last Hope met un peu plus à genoux. La vitesse d’exécution effraie presque. Véritables objets de fascination, les violoncelles sont portés à bout de bras. La chaleur des cordes et du bois se fait plus pressante sur Hall Of The Moutain King. Le spectre de Fritz Lang est dans tous les esprits…Le sifflement de M angoisse. Les musiciens semblent maudits, eux aussi. Leur pouvoir d’attraction n’est plus humain.
Enter Sandman n’endort pas les aficionados. L’expérience live est unique. De même Life Burns soulève une dernière fois la foule, avant un rappel touchant sur Seeman. Les virtuoses se saluent et tirent la révérence avant de se retirer. Rideau !

Noesis.

AQME : HERESIE.



« Thomas, tu me dois un nouvel équipement hi-fi. »
Pour celles et ceux qui veulent tenter l’expérience sonore et braver l’énergie démesurée de cette Hérésie, fusillez les voisins en préambule. Ils ne vous pardonneraient jamais pareilles secousses sismiques !

Au-delà des coups de butoir, l’album marque également par de brillantes mélodies (Karma et Nicotine, premier single). Tour à tour affable et nihiliste, Aqme surprend une nouvelle fois. Thomas se fait vulnérable (Romance Mathématique) et impose son chant comme l’un des plus brûlants de la scène metal française.
Sur Casser / Détruire, joyau hardcore agité, le groupe flirte avec l’extrême. Les paroles pèchent toujours par une simplicité apparente, mais la sincérité transparaît encore. Une authenticité vorace qui s’immisce en l’auditeur, y dessinant une plaie béante. Le manque se fait vite sentir et l’on y retourne avec envie.

« Jamais Aqme n’aura sonné aussi proche d’Aqme. » (Thomas)

Noesis.

AQME. LILLE. Le Splendid. Le 08/12/06.



« « Foutez vous de nos gueules, c’est le moment où jamais ! » lance Thomas, sur scène, grimé en Elvis. Pourtant, il n’y a pas trop matière à critiquer le spectacle auquel nous convie un AQME revisité façon carnaval. Dernière date de la tournée, après trois ans de campagne sur les routes, ce concert explosif est placé sous le signe de la fête et du partage. Le Splendid de Lille est en liesse alors que résonne le thème de Rocky, annonciateur d’un set musclé.

Le pari est réussi. Le groupe touche un public de plus en plus large. Des fans de Slayer se sont mêmes invités dans une salle comble. Sur scène, AQME en impose. Malgré les costumes (Charlotte en lapin coquin…), l’énergie est de mise.
Mes vieilles réserves sur la qualité des textes et l’interprétation Live s’évaporent dès lors que la sincérité des membres transpire comme une évidence. Le son cristallin est assuré par les mains expertes d’une dame de joie, les lights par un adorateur SM. Toute l’équipe est travestie pour cette date exceptionnelle. Amour et franche camaraderie sont palpables. Ne cherche plus Cali. On l’a trouvé, le bonheur !

Ah, que mes oreilles prirent plaisir à redécouvrir des standards matraqués en radio, ici interprétés dans des versions brutes, beaucoup plus tranchantes. Superstar est reprise, scandée, par le public porté par les déhanchements sexy de Elvis. Parano et Pornographie font davantage monter la température. Etienne martèle ses fûts, Benjamin, à la guitare, nargue les premiers rangs sous sa casquette façon Village People.
Nul besoin de « regarder au loin pour avancer », la foule porte le groupe. Bel échange. Thomas Presley, bouffi de générosité, finira le set au plus proche des troupes, en bout de fosse. Un cul d’Etienne et un sex toy de Charlotte plus tard –pas l’un dans l’autre-, il est temps de tirer la révérence et d’applaudir à tout va pareille performance. Noesis, tu reviendras.
« « Foutez vous de nos gueules, c’est le moment où jamais ! ». Promis, j’essaierai la prochaine fois.

Noesis.

ARNO. AERONEF. Le 16 Mai 2007.



L’impression de retrouver un vieil ami autour d’une bonne bière. Refaire le monde, captivé par sa voix éraillée et sa gestuelle furieuse. Arno en concert, c’est les odeurs de bars enfumés et les arômes d’Ostende.
Ce soir, l’Aeronef affiche complet. Le jus de Box tour est de ces spectacles enchanteurs qui vous bringuebalent d’une émotion à l’autre sans crier gare. A fleur de peau, le public connaît le bonhomme, et se laissent embarqué dans son univers si particulier. Grimaçant, gesticulant tel un pantin, le bougre soulève les foules. Les anecdotes d’entre morceaux font mouche. Sarkozy, Hallyday, Mireille Mathieu deviennent les protagonistes involontaires d’histoires incongrues. Sur scène, les musiciens en imposent. Les jeux de lumières minimalistes renforcent la proximité avec le public.
Comme un bon vieux film 16mm qui se débobine, le concert est hors du temps. En aucun cas daté. Les titres du dernier album se fondent, sans faux raccords, avec les plus anciens. Plan séquence sur le chanteur dans les yeux de sa mère. Le souffle coupé, la salle murmure. Instants délicieux. Frissons. Reviens Marie soulève la même émotion. Tout en douceur, Arno chante la rupture comme personne. Négligé, cheveux hirsutes, sur sa chaise, il nous comte avec calme les affres de la vie. La toile encroûtée d’un cinéma de quartier, les effluves d’arrière bar. Tous les sens sont en alerte.
Changement de bobine, With you et ses relans électro plonge l’Aeronef dans un dance floor sous acide. Le chanteur possédé ensorcelle le parterre. Les basses frappent au cœur. Le remaniement du célèbre Oh la la la participe aussi à cet état d’apesanteur. Un véritable trip vers des contrées hallucinatoires.
Deux rappels ne suffiront pas à un public survolté, et encore, et encore, z'auraient pu danser la java… Les filles du bord de mer s’annoncent comme le générique de fin, la dernière pellicule d’un métrage maîtrisé de bout en bout.
La palme d’or du cœur, est, cette année attribuée à Arno pour son Jus de Box Tour.
Applaudissements.

Noesis.