mercredi 6 mai 2009

Manson: l'ère EAT ME, DRINK ME.



« Eat Me, Drink Me est devenu ma priorité. » -Marilyn Manson-

Le nouvel album de Marilyn Manson aura fait couler beaucoup d’encre. Près de huit mois après sa sortie, les fans se rallient à la nouvelle orientation musicale de l’artiste. L’expression de sentiments nouveaux, autres que la haine et la violence avait été au cœur de tous les débats. Quand le cœur parle, la sincérité transparaît.
« Je pense que les gens commencent maintenant à comprendre ma place dans le monde, qu'il ne s'agit pas juste d'être une sorte de mauvais garçon. C'est pourquoi, sur ce dernier album, j'ai fait quelque chose que je pense ne jamais avoir fait ; j'ai beaucoup parlé de ce qu'il y avait en moi. Pour moi, c'est la chose la plus choquante que j'aurais pu faire.* » (Manchester Evening News, Décembre 2007)
Choquantes aussi, ses étonnantes venues sur des plateaux de talk shows ? La promotion de l’album est davantage ouverte, grand public. L’homme ne fait plus peur et se serait presque racheter une respectabilité aux yeux du grand public. Inconcevable il y a quelques années encore




LA TOURNEE.

"Each thing I show you is a piece of my death"-The Reflecting God-

Lancée en Mai 2007, la dernière tournée de Marilyn Manson s’est longtemps cherchée une ligne directrice. Difficile d’imbriquer l’introspection manifeste des compositions récentes aux titres les plus démonstratifs et/ou commerciaux. Longtemps, des morceaux tels que Tainted Love ou le glam Great Big White World parasitaient le set.
Eat Me, Drink Me transpose enfin son univers torturé sur scène. Le Rape The World Tour sonne dorénavant comme un requiem aux vieux démons de Marilyn Manson. Chandeliers, climat austère, la messe célébrée chaque soir est le prémice à un enterrement de l’artiste choc. La dramaturgie du live impressionne.
Des dialogues en off introduisent chaque morceau, incluant le show dans un improbable long métrage, aussi décousu que le vieux pantin Manson. Définitivement passé maître dans l’exposition de son art, il se met à nu et compare cette nouvelle mise en scène à la référence gothique des années 1920 : le film Nosferatu de Murnau. « J'ai pris plus de chansons qui sont probablement plus difficiles à chanter en live que dans les tournées précédentes, mais ça devient beaucoup plus émotionnel avec la foule. *» (Manchester Evening News, Décembre 2007) Une performance humaine, terriblement troublante.
Sur scène, l’homme chasse le show-man, dans un combat intérieur hallucinant. Deux personnalités se livrent bataille. Le spectacle est fascinant. Cette tournée semble être une véritable mise à mort des dogmes du révérend. L’humain terrasse le God Of Fuck, et descend au plus proche de ses frères, les touchant, leur tendant le micro. Il ose le contact. Quelques derniers confettis trompent encore l’assistance, mais la méga star est morte, à jamais. Brian Warner renaît sur scène, chaque soir, dans la douleur. Vibrant !
Après s’être offert une virée avec Slayer sur le sol américain, le Rape The World Tour repasse par le vieux continent. Un concert fait déjà date au rayon anecdotes. Celui du 06 Décembre à Manchester : durant Heart Shaped Glasses, un individu lance une bouteille en verre sur le bassiste Rob Holliday. Le set est interrompu quelques minutes, le temps de recoudre le musicien, en raison d’un important saignement au crâne. Le speech de Manson, de retour sur scène est ironique et un brun inquiétant pour le salut du fauteur de trouble. Le chanteur reste ambigu : « Je veux être certain que vous sachiez que je ne vous ai pas demandé de lui foutre une raclée… » On peut aisément imaginer que certains fans ne l’ont pas entendu de cette oreille, obligeant le malotru à déguerpir au plus vite, sous les huées de la foule…Une belle sueur froide pour la sécurité !
Six jours plus tard, la tournée faisait halte en capitale européenne. Un retour très attendu. Rock Mag a fait le voyage !




BRUXELLES« Are you ready to sell your soul to Marilyn Manson ? » -Turbonegro-

Après une première partie dispensable assurée par le groupe Turbonegro, le trio No2 pour piano, violon et violoncelle de Schubert résonne dans un Forest National bien rempli. Marilyn Manson va faire son entrée. Derrière un immense voile aux couleurs du logo sanguinolent, le corps meurtri du chanteur se meut. La tension est palpable.
If I was Your Vampire plante ses crocs acérés en nous. Le son est lourd, oppressant comme l’ombre démultipliée du front-man. Une entrée sombre et classieuse qui en ferait presque oublier la toute puissance de Disposable Teens.
Irresponsible Hate Anthem, revient sur les fusillades pour lesquelles Manson a été incriminé. Sur les écrans, les dépêches tombent aussi vite que les corps. Aussi touchant que brutal.
Plus tard, la sincérité de Heart Shaped Glasses émeut. Rarement l’amour et ses souffrances furent aussi justement exposés. L’homme s’adresse, presque suppliant, au mannequin sosie d’Evan Rachel Wood. La Lolita lui fait tourner la tête. L’amant, pris de vertiges et détruit par les ravages du sentiment démembre sa compagne. En salle, le public assiste à la scène, presque gêné.
Suite à cette vive émotion, le single Rock Is Dead passe inaperçu. On y sent Manson prisonnier de son personnage : Le strip et les poses sexes sont calculés, comme des passages obligés. De même, sur Antichrist Superstar, il retombe dans ses vieux travers: Manson possède Warner et l’oblige à brûler la Bible.
Tous les yeux sont rivés sur le chanteur. Le reste du groupe paraît transparent. Marilyn hypnotise Bruxelles. Ce soir, les principes fondateurs de l’univers de Manson s’accordent, se conjugent et se disloquent. Devant les écrans de Reflecting God. Marilyn s’élève, crucifié, implorant un pardon qu’on lui accorde bien vite !




PEINTURE ET MUSIQUE.


On l’aura compris, Manson propose davantage qu’un simple live sans ambition. Depuis toujours, il flirte avec d’autres formes d’expressions artistiques. Les concerts sanguinolents du Dead To The World Tour rappelaient déjà les performances des Actionnistes Viennois, tel que Hermann Nitsch.


Aujourd’hui, Marilyn se tourne davantage vers la peinture.
« J'ai commencé mes premières peintures en 1997, et elles étaient à l'origine peintes uniquement avec de l'eau sale, donc elles étaient très grises. Mais cela n'a pas duré très longtemps. Maintenant, j'utilise un kit de peintures à l'eau pour enfant Alice au Pays des Merveilles, et c'est brillant. Le sujet est sombre, mais essentiellement dans les tons pastel.* »
(Manchester Evening News, Décembre 2007)

Il présente ses toiles un peu partout dans le monde comme à Zurich et à Miami, ses deux dernières expositions. Ne se réclamant d’aucune école, il semble néanmoins qu’il s’inspire beaucoup de l’Expressionnisme Allemand (1910). Comme Egon Schiele qui faisait du corps humain un puissant support de l'expressivité.


Le chanteur se tourne également vers La Nouvelle Objectivité (1920) qui propose une vision froide et cynique de la société. On retrouve par exemple des citations de Otto Dix dans la peinture de Manson (les effets bleutés dans les visages, par exemple).

Peinture et musique sont désormais deux univers essentiels à l’expression de Marilyn Manson et l’on n’imagine plus l’artiste laisser tomber les pinceaux tant ce médium lui permet d’exprimer de façon complémentaire sa vision du monde.

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