mercredi 6 mai 2009




Arras : nouvelle grand’ place forte du rock.

Trois jours de festival, le Main Square s’impose définitivement parmi les plus grands. La journée de Vendredi, consacrée à l’électro de Justice et autres Chemical Brothers, ravit les clubbers de tous poils. Rock Mag foulera les pavés du Nord dès Samedi.

JOUR 2.

Avec près de deux hectares bien vite comblée, la Grand’ Place est un ravissement pour les yeux. Le baroque flamand XVIIIème, clashe avec le show délirant de The Hoosiers. Spiderman est au clavier, les squelettes sont aux cuivres. L’intro saloon de Goodbye Mr A enflamme les festivaliers. Irwin Sparkes arpente la scène en dansant et a la communication facile. Le bougre sait faire monter la pression (Everything Goes Dark et sa montée toute en puissance) pour finalement la faire exploser sur Worried About Ray.
Panique sur le site : le ciel s’assombrit avant l’arrivée des kids de Vegas. Il ne faudra que quelques minutes à la basse vrombissante des PATD pour écarter les nuages. En baisse de régime, le groupe, statique, assure ce soir le minimum syndical. Un set appréciable, mais qui ne décollera vraiment que sur l’imparable Nine In The Afternoon, en guise d’au revoir. Espérons que Werchter aura eu plus de chance, le lendemain. Next.
Première grosse sensation de la journée : BB Brunes, encore sur les routes des festivals pour une dizaine de dates (Les Vieilles Charrues, Francofolies, etc). Le moins que l’on puisse dire c’est que les fans ont fait le déplacement ! Pancartes et T-shirts faits mains s’agitent alors que les Sex Pistols (Anarchy In The UK) tournent en boucle pour patienter. Initials BB (Gainsbourg) déclenchent des mouvements de foule sous un soleil écrasant. La tournée marathon ne semble pas avoir emprise sur les trois garçons. Les prises de vues en fond de scène donnent à voir le gang d’aficionados reprendre en cœur Perdus Cette Nuit. Déroulant des accords assassins avec une pèche irrésistible, le titre reste une grosse claque. Difficile de prendre le trio à défaut sur scène. « Moi, je reste la bouche bée. » Dynamitez-moi remet le feu aux poudres avant le déluge The Kooks.
Luke Pritchard cherche le contact dès les premiers accords de Always Where I Need To Be, lâché en amuse bouche. Arras est prévenue, le concert ne sera pas de tout repos. Le groupe se joue de la pluie battante, et assure une prestation au soleil couchant. Les rayons rasent le toit des bâtisses et confère à Shine On une atmosphère toute particulière qui n’est pas pour déplaire au chanteur. Les parapluies se balancent sur les rythmes lancinants d’un Hugh Harris, chapeau vissé sur la tête. Instant à part, difficile à immortaliser sur pellicule, la faute à une sécurité de fer. Visiblement ravi, Luke entame Seaside, hilare. Le dernier titre, de circonstance, Stormy Weather invite à reprendre les « feels like love » lors d’un final enlevé où Pritchard descend en fosse. Indéniablement le meilleur concert de la journée.
Le temps de racler la scène et le petit univers coloré de Mika se met en branle. Des plantes fleurissent, des ballons se gonflent, mais Relax en ouverture commence sérieusement à sentir le réchauffé. Après avoir rempli le Parc des Princes l’avant-veille, Mika séduit toujours autant son public, même si sa pop sucrée virent dangereusement au vinaigre. Any Other World cueille encore les cœurs les plus serrés, la nuit tombante. De même les accords de Behind Blues Eyes (The Who) distillés sur l’intro de Love Today restent poignants. On a beau résister, le tube n’a pas perdu de sa superbe pour chauffer les foules. Bourrage de crâne ou pas, cela reste bougrement efficace. Wally n’en dort toujours pas (« Love Todaille, Love Todaille… ») Deux grosse fautes de goût tout de même. Une reprise de Just Can’t Get Enough (Depeche Mode), massacrée par les éructations d’une danseuse de samba…Et un rappel dispensable avec une version karaoké de Relax !
La fête terminée, beaucoup de festivaliers font l’impasse sur Digitalism. Bien mal leur en a pris. La Grand’ Place se transforme alors en dance floor gigantesque où la pudeur n’avait plus guère sa place…


JOUR 3

Le soleil brille en ce dernier jour. Affluence maximale. Le retour s’annonce déjà impossible. Les tubes lumineux de Radiohead ornent déjà les côtés de la scène. Attendu comme le messie, le groupe ne descendra sur terre que vers 22h00.

De retour des Solidays, Vampire Weekend déboule avec une guitare galopante et des sonorités africaines percutantes. Sans fioriture, le quatuor est ultra efficace. -A-Punk et son clavier fantomatique enchantent l’assistance. Avec des influences rock et pop digérées, le groupe touche à l’enfance des trentenaires. Souvenirs délavés d’une époque révolue où la musique transpirait la bonne humeur sincère. Tams-tams et flûtes qui s’accordent sur une voix délicieuse, il n’en faut pas plus pour rêver. Oxford Comma nous fait encore voguer quelques instants avant la déferlante Wombats…
Avec l’a cappella Girls, Boys And Marsupials, les Wombats se mettent Arras en poche. Une grosse base d’admirateurs se faisait déjà entendre, depuis hier, sur les jingles vidéo d’entre concerts. Leur explosion est à la hauteur de l’attente ! Visiblement conquis par « cette ville si pittoresque », le groupe souffre aujourd’hui d’un son approximatif. Le vent qui s’engouffre sur la Grand’ Place n’arrange pas les choses. Cela n’entrave heureusement pas l’énergie des trois musiciens bien décidés à retourner le festival de fond en comble. Devant leurs amplis Orange, ils délivrent des prestations de Kill The Director et Backfire At The Disco presque aussi barrés que les clips. Constamment ludiques et maîtrisées, les 50mn qui leur sont allouées défilent trop vite. Deux morceaux de l’album seront écartés ce soir : Dr Suzanne Mattox PhD et My First Wedding. Let’s Dance To Joy Division (également jouée en acoustique sur le plateau mobile de Ray Cokes, En Direct De…) obtient immanquablement une ovation de tous les diables. La pop punk contagieuse des Wombats gagne du terrain et Mattew Murphy, freaky mix entre Robert Smith et Tim Burton, n’a pas fini de vous faire hurler Where’s Laura avec les potes ! Avant leur tournée bleue blanc rouge qui passera par Paris le 16 Septembre (Elysée Montmartre), retrouvez les sur le seul autre festival français qu’ils fouleront, le 13 Juillet à Aix Les Bains. Pour les plus courageux ou impatients, rendez-vous en Août, au Pukkelpop, au Reading ou à Leeds ! « So happy yeah we’re so happy….! »
Incompréhension. The Do monte sur scène dans l’indifférence la plus totale. Sans doute, le deuxième effet Wombats. Difficile de s’en remettre ! La belle Merilahti est pourtant pieds nus, mais le buzz ne prend pas d’emblée et il faudra attendre On My Shoulders pour que l’assistance rentre dans le set tout en nuance d’Olivia (qui minaude un peu trop) et Dan (qui n’en revient toujours pas de jouer avec Sigur Ross et Radiohead) L’inédit How Could I, véritable pépite du concert, méritait néanmoins meilleur accueil.
La grande interrogation de ce Main Square : la musique de Sigur Ros allait-elle trouver matière à s’élever dans un tel festival ? La réponse arrive dès le premier morceau. L’instant est onirique, totalement à part et invite à l’introspection. La voix de Birgisson semble bénie des cieux. Les cuivres enivrent, et les guitares caressées par un archet hérissent le poil. Un set qui touche au divin, mais qui deviendrait presque un enfer tant la foule se fait compacte avant l’arrivée de Radiohead !
L’arc en ciel affiche la couleur sur l’écran. Des images décadrées qui se mélangent au gré des sons. 15 Steps fait rugir la fosse de plaisir. Elle ronronnera encore davantage sur There There et l’intimidant Where I End And You Begin avec son final halluciné. Les fameux tubes lumineux font pénétrer la Grand’ Place dans une dimension bleue parallèle dans laquelle le public se perd et lâche totalement prise. Le premier palier orgasmique est atteint. Visuellement le concert est une déculottée de chaque instant. La solennité de Nude et ses reflets or saupoudrés sur la structure lumineuse ne peuvent être retranscris sur aucun enregistrement pirate. Ce live se doit d’être vécu de l’intérieur de la chapelle Radiohead. Arras sublime encore l’instant avec des éclairages discrets qui épousent les formes des maisons. The Gloaming entraîne les fans en transe, une de plus. Faust Arp fait lentement redescendre. Thom et Jonny sont seuls sur scène. Le groupe les rejoint pour plonger toujours plus bas avec No Surprise. A l’extérieur du site, des voix s’élèvent. Radiohead fait aussi le plein en dehors ! L’éclairage bleu et rose renforce l’aspect cocooning et c’est en apnée que l’auditoire se laisse porter. Plus tard, Thom dédicacera Videotape aux personnes qui regardent (filment ?) le concert de leurs fenêtres. Aucun temps mort, tout est bon à prendre. Un rappel clôturé par un Idiotheque obsédant n’a pas raison du public. Les lumières délivrent alors tout leur potentiel sur The National Anthem. Star Wars et le Puy Du Fou sont six six pieds sous terre. Retour en 1996 pour le dernier morceau de la soirée : Street Spirit. Sir Yorke nous gratifie d’une derrière montée d’endorphine avant les pics de stress pour faire sortir 30 000 personnes de la ville.

Noesis.

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