jeudi 7 mai 2009

Abd Al Malik, Lille, Sébastopol, Mars 2009.



Abd Al Malik, c’est avant tout l’histoire d’un malentendu. Il n’est pas que la bête de foire intello et télégénique que les médias veulent nous imposer, le modèle de réussite issu des quartiers. Il est avant tout une bête de scène qui déborde d’envie. « Un truc de malade ! »…

Sébastopol affiche presque complet lorsque Taïro monte sur scène. Le temps de quelques titres, ce nouveau talent Warner arrive à convaincre le public. Sa soul teintée de reggae touche le public en plein cœur. Je ne t’aime plus embarque Lille dans un univers propice au cocooning. Chaude et suave, la voix de Taïro administre une sacrée dose de cool attitude. L’artiste fait même déjà preuve d’audace en imbriquant l’inattaquable No Woman No Cry dans son L’animal Geint. Deux pépites sortent du lot ce soir : Jamais Eu et Dis Moi Ce Que Tu Décides qui feront perler les bonnes vibes jusqu’en fond de salle. Une réelle surprise.

Abd Al Malik a méchamment mis à mal les préjugés. Le plus tenace restait celui du Black érudit qui se la raconte. Sur scène, là où on ne le voit pas assez souvent à la télévision, il en impose. Qu’importe si l’homme est un orateur hors pair assis face caméra. Debout face au public, il est à nu et va chercher même les plus sceptiques.
L’introduction sur Soldat De Plomb en a mis plus d’un à terre. Tout en ombre démultipliée, le Roi (Malik) fait déjà son show. Emmitouflé sous sa capuche, il marche au pas et donne le rythme à une soirée qui promet d’être dansante et réfléchie. Sur les planches, la force brute d’une formation live à l’efficacité redoutable : accordéon, contrebasse, batterie, guitare, machines, piano et claviers. Bien loin du tape à l’œil, le rappeur fait sonner son phrasé Nougaro avec une plume parfois empruntée à Brel. L’émotion est souvent à fleur de peau : Conte Alsacien et C’est du lourd en tête de liste. Une force live telle que ce dernier titre se verra offrir les honneurs d’une standing ovation de tous les diables !
Moins pertinente sera la version sous acide de 12 Septembre 2001. Peut être la seule fausse note d’un concert enlevé.
Roublard, Abd Al Malik maîtrise sa scène d’expression. Il sait enflammer une foule et la remercier pour cet échange sincère. Gibraltar reste le point d’orgue de cette communion, un classique de la chanson française, rien que cela. Sur un beat affolant, Malik fait durer le plaisir et étire le titre jusqu’à plus soif. En liesse, Sébastopol acquiesce. L’alchimiste déclame alors un dernier conte merveilleux empli de positivisme et s’en va.
« Je suis votre humble serviteur. Je m’appelle Abd Al Malik. »



Noesis.

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