Le Festival Roubaix à l’accordéon reçoit Mano Solo. La salle Watremez est déjà bien remplie alors que la première partie monte sur scène. Delbi, seul sur les planches, fait forte impression. Véritable homme orchestre armé de son séquenceur et de sa guitare, il lance des boucles hypnotiques et plonge l’assistance dans son univers fascinant, le temps de longs morceaux. Le temps est en suspend, le chant en anglais captivant. Nous ne saurions que trop vous conseiller de vous renseigner sur ce grand artiste en devenir !
In The Platane
La dernière date de la tournée In The Garden, n’a pas la force des premiers jours et d’un Grand Rex d’illustre mémoire. Mano, en petite forme, peste sur un public de photographes et vidéastes amateurs envahissants. Il se lance dans une longue diatribe sur les dérives du piratage et provoque les gaillards qui le prennent pour un juke box. « De toutes façons, vous n’achetez pas les albums. » On le sent à fleur de peau, manifestement agacé par les chants en salle qui ruinent des textes écorchés vifs. Il préfèrera même parfois abandonner un titre en pleine montée s’attirant les foudres des spectateurs.
Mano sur scène reste une énigme. Passant de l’euphorie aux tacles assassins, il passe de la valse à la mort sans sourciller. « Attendez, je vais vous calmer, moi… » Terriblement conscient de ses effets, il vampirise Roubaix, épuise son public pour mieux le mettre face à ses défaillances.
Aimer d’amour, c’est aussi bousculer l’autre. Mano revisite son répertoire. Le titre Les Petits Carrés Blancs est expédié à vive allure, bien plus incisif. Le final de Je n’y peux rien se voit gratifié d’un solo d’accordéon entraînant. Le public est appelé à se manifester. Paresseux, il ne suivra pas sur Botzaris ou L’international Sha La La et amputera le live de son élan d’antan.
Seule véritable réjouissance de ce set tendu, entre deux chaises, la certitude d’un nouvel album à venir chez Wagram.
Noesis.
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