mercredi 6 mai 2009

Saez: Varsovie



Austère et dépouillé, Varsovie- L’Alhambra- Paris , triple album déconcertant, s’écoute avec pudeur, presque épouvanté par tant de tristesse mise à nue. Ecorché à vif, le cœur se noue et se tord au rythme lancinent de textes nihilistes et effroyables. « J’y peux rien, moi je n’ai que des larmes à leur dire ». Saez chante dorénavant l’amour déchiré avec bien plus de sang froid. Les vieux tics attribués au jeune et con des débuts semblent bien loin et son écriture n’a jamais été aussi précise et perfide. Les deux premiers disques font froid dans le dos. L’échine se courbe face à une émotion grandissante.
Une guitare pour simple instrument de torture accompagne la voix désenchantée d’un jeune homme « à l’âme de l’enfant et la mémoire du vieux ». Anéanti, l’auditeur reconnaît ci et là la tragique poésie de Brassens. Dis moi qui sont ces gens, calque les abruptes tournures du grand Georges. De même, On meurt de toi, rappelle parfois avec éclat La non demande en mariage. La fausse non musicalité roublarde peut décourager et le single Jeunesse Lève Toi peut agacer par ses invariables appels à la rébellion. Ne vous laissez pas aller aux jugements hâtifs, ce triptyque est d’une beauté noire éclatante.
Paris, dernier CD, le plus mélodieux, ne s’essouffle pas et va même au-delà de toutes les espérances. Sur des rythmiques délicates, légères, Damien fait sonner l’angoisse de toute une génération qui grandit avec lui.
Le cavalier sans tête, ne dépose pas les armes et son cœur bat encore à l’attente de jours meilleurs. Si seulement la horde de fans pouvait entendre la beauté des textes de l’artiste au lieu de lui aboyer son amour à la face… Réponse sous peu lors de la tournée à venir.

Noesis.

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